Transport_de_l_eau_pour_la_pr_paration_du_repas

Le jour n’est pas encore levé. Il fait presque frais et un chien s’étonne du remue-ménage en s’étirant. Un coq enroué s’irrite d’avoir été tiré de son sommeil avant son heure. Quelques femmes et quelques enfants se sont rassemblés dans la cours de la concession principale du village. Un vieux bourricot a été attelé à une charrette bringuebalante et tous les bidons disponibles y ont été chargés. Pas le temps de prendre la bouillie de mil du matin, il faut partir au plus vite, le chemin est long et mieux vaut en faire la plus grande partie avant que le soleil n’enflamme l’atmosphère.

Alors le cortège s’ébranle au rythme lent du vieil âne. Tous les matins, en ce temps de sécheresse, c’est le même scénario, il faut marcher longuement dans la brousse, sur un petit sentier presqu’invisible, au milieu des herbes jaunies pas la chaleur, jusqu’à un marigot perdu au fin fond de la brousse.

Quand le soleil se lève enfin, le groupe commence de s’égayer et une mélopée s’élève comme pour donner du courage. La presque fraîcheur du matin fait encore illusion et plaque au sol une brume de poussière désagréable qui rend parfois la respiration difficile et qui provoque des quintes de toux chez les plus jeunes des enfants. Le silence de l’aube est déchiré par les premiers cris du coucou qui s’envole et par les roucoulements des tourterelles. Un des jeunes garçons va tenter d’en chasser une avec son lance pierre afin de la ramener plus tard à la maison et la faire rôtir.

Sur le sentier, un petit troupeau de zébus efflanqués et leur berger croisent le groupe du bourricot. On s’arrête quelques instants, on échange des nouvelles, on s’inquiète de la santé des uns et des autres, puis chacun reprend sa marche, lentement, à la queue-le-leu pour ne pas s’écarter du petit sentier de sable et de latérite. Maintenant le soleil blanc du sahel est haut dans le ciel, sa chaleur commence d’étouffer l’atmosphère de son ardeur. La nature grésille comme si elle cuisait, les toutes petites mouches commencent de tourbillonner autour des femmes et des enfants, s’insinuant dans les narines et dans les yeux. Les conversations se sont tues, la marche est plus lourde et l’âne à encore ralenti.

eau_riviere

Corvee-d-eau

La sueur coule sur les fronts et dans les dos et c’est avec soulagement que la petite troupe arrive enfin sous le couvert des arbres où la chaleur devient moins suffocante. On décharge tous les bidons et toutes les jarres entassés sur la charrette, on fait le plus de bruit possible afin de faire fuir les singes venus se désaltérer, on s’assure qu’aucun serpent ne se tienne au frais sur la petite plage de terre  et l’on s’approche du marigot. On s’y trempe d’abord pour se rafraîchir. L’eau y est presque froide en comparaison avec la température ambiante. Finalement, on fait la chaîne pour faire passer les récipients et deux femmes, l’eau jusqu’aux mollets, vont se charger de les remplir de l’eau vitale. Elle n’est pas claire, loin s’en faut. Elle est même légèrement saumâtre, d’une couleur d’un brun foncé. Il faut dire que le petit ruisseau a cessé de courir depuis longtemps, et d’ailleurs si la sécheresse continue, il faudra marcher encore plus loin pour trouver un autre point d’eau quand celui-ci sera mort.  Alors on va se contenter de cette eau et on la boira même avant de repartir. L’âne est trop vieux pour supporter le poids du chargement, aussi chacun charge sur sa tête ce qu’il peut supporter. Le plus petit ne porte qu’une vielle bouteille de plastique rempli du précieux liquide. Et pour les femmes se sont de lourdes jarres de terre contenant près de vingt-cinq litres d’eau. Et il faut repartir, sans tarder pour être rentré avant le zénith du soleil, le vrai maître des lieux, qui soumet à ses violences toute la région.

Il faudra revenir demain, et le jour d’après encore. Et ainsi pendant toute la saison sèche, jusqu’à ce que le ciel donne enfin de sa manne liquide et que les points d’eau proches du village se remplissent à nouveau… A moins qu’un jour, un forage ne soit creusé et qu’une pompe ne soit disposée, là, juste au milieu de la place où se trouve l’arbre à palabre. C’est ce dont rêvent les femmes et les enfants qui s’en retournent en silence sur le petit sentier de brousse.

300-millions-d-africains-n-ont-pas-acces

La Solution:

UN PUITS PAR VILLAGE

 Nous croyons que les gens, pas uniquement l’eau, peuvent tout changer! Lorsque vous parrainez le projet de forage au Burkina Faso, en Afrique, vous débloquerez le potentiel de toute une communauté