Il faut quitter la voie principale et pénétrer dans les ruelles difformes pour mieux sentir la respiration du village. Derrière les murs en pisé, on entend le bruit sourd et régulier du pilon qui écrase le mil au fond du mortier creusé dans un tronc d’arbre. Il faut frapper fort afin d’obtenir la farine qui servira à préparer la bouilli quotidienne. De lieu en lieu on entend des voix, des palabres, des pleurs d’enfants. Et puis il y a ce bruit reconnaissable entre tous de l’eau qui coule dans un récipient et de la pompe à main que l’on manipule.
Il n’y pas une minute du jour où les pompes ne cessent de couiner et de grincer. Très tôt le matin, avant même les premières lueurs du jour, on fait la queue avec de nombreux bidons de plastique ou des canaries de terre cuite. Certains viennent des villages reculés avec une petite carriole bringuebalante tirée par un vieux bourricot fataliste.
Les bourricots, justement. On dit qu’il existe un paradis spécial pour eux, tant ils sont corvéables à merci toute leur vie. On les entend s’invectiver de loin en loin, avec leurs braiements qui ressemblent à des pleurs. A heures plus ou moins précises, le muezzine, du haut du minaret de la mosquée blanchie à la chaux, appelle à la prière. Les murs du bâtiment ne sont plus vraiment blancs, les saisons des pluies ayant laissé de longues traces noires. On dit ainsi que ce sont les péchés des pèlerins de la Mecque qui sont restés au village, pour rappeler la nature humaine… Les hommes et quelques femmes, disposent de leur petit tapis de prière et se tournent vers le lieu saint pour invoquer celui qui fait chauffer un soleil qui reste trop sévère pour les hommes et la nature.
On continue notre promenade dans le village. On croise de nombreux enfants qui semblent avoir oublié d’aller à l’école. On discute brièvement non sans s’être échangé des nouvelles de la famille, de la santé, du champ et des bœufs. Puis apaisé par tant de sollicitude, on continue le chemin entre les murs des cours. On arrive finalement à l’endroit où se trouve la plus grosse pompe du village. Là, c’est une longue queue de bidons multicolores qui nous accueille. La pompe, ô luxe, est activée par un petit moteur électrique alimenté par des plaques photovoltaïques. C’est un don d’un grand pétrolier bien connu. Merci à lui, cela aide beaucoup.
La pénombre s’épaissie. La nuit va engloutir le village sans électricité. De part et d’autre des petites lampes-tempêtes avec leur flamme orangée, commencent d’apparaître. Les cochons, épuisés par une dure journée d’éboueurs, rentrent chez eux. Ils sont accompagnés des moutons et des chèvres qui ont vagabondé toute la journée en quête de quelques végétaux devenus rares en cette saison. Un camion poussiéreux, toussant et crachant, passe sur la route principale, se précipitant vers la civilisation de la ville toute proche. Les étoiles perforent le ciel, la lune rouge comme la poussière disparaît derrière l’énorme baobab du village dont les branches semblent veiller sur Bouassa. Il est temps de rentrer, demain est un autre jour et il faudra le commencer en allant chercher de l’eau.
La Solution:
UN PUITS PAR VILLAGE
Nous croyons que les gens, pas uniquement l’eau, peuvent tout changer! Lorsque vous parrainez le projet de forage au Burkina Faso, en Afrique, vous débloquerez le potentiel de toute une communauté