L’aube pointe, pleine de promesse. Un coq s’époumone, les tourterelles s’ébrouent afin de chasser le sommeil de leurs plumes, un coucou prend son envol en chantant pour appeler une femelle cachée dans un nid. L’homme a froid en ce matin. Il a fichu sur son crâne un bonnet de laine qui un jour à dû être blanc, a revêtu sur sa vieille chemise élimée un tee-shirt épais marqué des « Lakers », bien trop grand pour lui, mais suffisant pour le réchauffer. Il attelle le bourricot récalcitrant à la carriole dont la roue droite semble vouloir s’affranchir de son utilité. Il y a disposé une grosse touque métallique et plusieurs bidons de plastique dans lesquels, un jour, il y a eu du pétrole. Puis, lentement, il prend le chemin du barrage. Il passe par des ruelles étroites, salue ses aimables voisins, échange quelques propos relatifs à la santé de la grand-maman, puis continue sa route.

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Maintenant le soleil est parfaitement réveillé. Par encore trop haut dans le ciel gris, mais suffisamment pour commencer d’imposer à notre bonhomme d’ôter son pull. Il s’était endormi au rythme lent de son âne et des chaos du chemin. Peu importait d’ailleurs, puisque l’animal fait et refait cette piste depuis des temps immémoriaux et il se serait rendu de lui-même, avec ou sans carriole, avec ou sans bonhomme, au petit barrage caché dans la brousse. Quand il y arrive, d’autres carrioles sont déjà garées au bord de l’eau. Le barrage est presque à sec. La saison des pluies n’est plus qu’un souvenir. Des pique-bœufs se désaltèrent et des cochons font toilette. Bientôt, notre ami cessera de venir, cela sera inutile. Alors il s’enfoncera plus encore dans la brousse, bien au-delà d’une journée de marche pour trouver une eau blanche et même verte parfois.

Il a besoin de cette eau pour abreuver les légumes qu’il fait pousser non loin de chez lui, sur un lopin de terre que son « vieux » lui a laissé avant de mourir de fatigue. Il doit se dépêcher car il n’est pas bon d’arroser quand le soleil est trop chaud. Il y a planté des salades bien vertes, quelques plans de tomates, des courgettes, des concombres, des choux et du gombo pour la sauce. Tout cela, son épouse ira le vendre au marché dans quelques jours, quand les beaux légumes auront atteint la maturité requise. Quand il aura fait sa récolte, il plantera à nouveau les précieux semis qu’il prépare depuis plusieurs semaines et qui tapissent la planche de terre prévue pour cela. Le jardin est protégé des animaux brouteurs par des buissons épineux et, ma foi, cela fonctionne bien.

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La journée s’achève. Notre homme est fatigué, son dos le fait souffrir. Les bidons et la touque sont vides, les légumes désaltérés, le bourricot endormi et il est l’heure de rentrer pour avaler un repas frugal. Mais non sans être passé chez son ami le peul, installé au village depuis trop longtemps pour s’en souvenir. Le peul, il est connu pour préparer le thé à la façon des peuples du désert, selon un rituel précis et séculaire. Alors on vient, à la tombée de la nuit, sous le vieil anacardier, on s’assoit sur des petits tabourets de bois, et on palabre longuement, on révise la journée, on se plaint et on rit surtout. Puis on boit le thé, on le sirote plutôt. Au début il est extrêmement fort et amère, puis au fur et à mesure que l’on rajoute de l’eau et du sucre, il s’adoucit. Les petits verres passent de main en main, s’assurant ainsi que tout le monde aura eu sa part de la précieuse boisson.

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Il se fait tard, il faut rentrer. Demain à l’aube, il faudra atteler encore et retourner au barrage tant qu’il lui reste un peu d’eau. Après ce sera une autre histoire. A moins qu’un jour quelqu’un veuille bien faire un forage à Bouassa. Qui sait ?

La Solution:

UN PUITS PAR VILLAGE

Nous croyons que les gens, pas uniquement l’eau, peuvent tout changer! Lorsque vous parrainez le projet de forage au Burkina Faso, en Afrique, vous débloquerez le potentiel de toute une communauté