Ils s’alignent, stoïques, dès le matin, comme de bons soldats, certains attachés les uns aux autres, d’autres en désordre et un peu cabossés, mais tous d’une formidable discipline pour accueillir l’eau du jour. Ce sont les bidons jaunes ou oranges ou même verts de Bouassa…

Les bidons 2

C’est comme cela que ça se passe au village. Tôt le matin, Madame la gestionnaire de la PMH vient ôter le cadenas qui bloque la pompe. Il a été décidé par l’Association des Usagers de l’Eau mise en place par nos soins, que la pompe ne servirait pas de nuit afin de ne pas déranger le voisinage. Bien avant l’ouverture, les habitants du quartier sont venus déposer leurs bidons ou leurs touques de 200 litres pour 10 bidons, afin de réserver leur place près de la pompe. Puis le pompage débute. Il est relativement dur d’actionner cette pompe, l’eau vient de loin et il faut faire de vrais efforts pour obtenir le glouglou joyeux de la belle eau potable ! Mais chacun s’y met avec zèle, avec rire, parfois avec des invectives, des éclaboussures et même avec des chants. C’est toute une communauté qui se regroupe autour de la pompe. Il y a ceux qui pompent, ceux qui attendent pour pomper, les amis de passage, les enfants qui partent à l’école et font une pose sur le chemin, les chiens, les chèvres et les moutons !

Les manguiers

Madame la gestionnaire, s’est confectionné un petit abri de paille sous lequel elle a installé son stand de bois où l’on va pouvoir, tout au long de la journée, acheter des petits paquets d’arachides à décortiquer. Cela permettra de grignoter en attendant de pouvoir ramener de l’eau à la maison. Et cela fera aussi de quoi picorer pour les poules qui ne tarderont pas à se joindre à la communauté de la PMH.

Chaque fois qu’un pompeur à rempli ses bidons jaunes ou oranges, il va payer son eau auprès de madame la gestionnaire du lieu. Pour 20 litres il lui faudra débourser 5 FCFA (0,0076€). Et la maison ne fait pas de crédit !

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A la fin de la journée, quand le soleil se couche, Madame balaye l’endroit pour le garder propre, elle arrose les quelques manguiers qui ont été plantés ces dernières semaines, puis retourne la recette du jour au président de l’AUE. Celui-ci en retour lui donne l’équivalent de 200FCFA pour sa nourriture quotidienne, et à la fin du mois, elle touchera une petite rémunération de 10 000FCFA. Elle en est bien heureuse !

Le soleil s’est couché et la nuit profonde s’est installée. Chacun a eu de l’eau, et on attendra demain matin pour revoir les bidons, les bidons et les bidons de Bouassa…